Imprimer
CIRCA VILLAM 5
Quelle place pour le IIIe siècle ?
Loupian (Hérault - France), vendredi 18 janvier 2008
Cette nouvelle rencontre loupianaise fait suite à l’initiative de nos collègues catalans, qui à l’occasion de la 3e journée d’étude de Banyoles en novembre 2007, ont proposé de reprendre la question du IIIe siècle dans l’histoire des campagnes de la Tarraconaise et de la Narbonnaise. Au nord des Pyrénées, la recherche régionale, à la suite des travaux publiés dans l’ouvrage sous la direction de Jean-Luc Fiches en 1996 [Le IIIe siècle en Gaule Narbonnaise : données régionales sur la crise de l’empire, Sophia Antipolis APDCA. 404 p.], s’est peu investie dans l’approfondissement de cette liaison entre histoire événementielle et données archéologiques, préférant à cela des approches sur le temps long.
Les communications présentées à Banyoles par L. Buffat, H. Pomarèdes ou V. Forest, pour des thèmes aussi variés que l’occupation du sol, l’investissement domanial ou la représentation des espèces animales domestiques, mettent en évidence la permanence des grands traits hérités du Haut Empire, mais dans un domaine ou un autre, les germes du changement sont également perceptibles. Il s’agissait donc de poursuivre ce tour d’horizon en évoquant quelques nouveaux aspects et de chercher ainsi à cerner ce qui a pu affecter l’économie et les productions des campagnes de la Gaule méridionale durant le IIIe siècle. Des communications sur la Catalogne ou la Gaule du Nord ont servi de cadre de comparaison. Enfin, une part de la journée a été consacrée aux actualités de la recherche régionale.



• Samuel Longepierre — Évolution des centres de production de meules dans le Sud-Est de la France durant l’Antiquité tardive.
La question du IIIe siècle est abordée à partir de la production des meules en Languedoc. Avant cette époque, la fabrication est centralisée dans la région agathoise et cela depuis le Ier s. av. n. è. C’est la période du monopole des meules en basalte, même si l’on trouve tout de même des exemplaires en provenance d’Italie (Orvietto). A partir du IIIe siècle, la production et les roches utilisées sont plus diversifiées. Un de ces centres a été étudié dans le Gard, à Saint-Quentin la Poterie.
• Stéphane Mauné — La fin de la viticulture de rapport en Gaule Narbonnaise au IIIe s. fait historique ou biais archéologique ?
La viticulture est l’activité agricole la mieux connue de la province. ¾ des établissements ruraux seraient abandonnés entre le milieu du IIe siècle et le IIIe siècle. Les hypothèses avancées sont multiples pour envisager la fin d’une certaine viticulture, une viticulture de rapport caractérisée par des installations représentant de lourds investissements et des exploitations pouvant produire jusqu’à plusieurs milliers d’hectolitres (exemple de Vareilles à Paulhan). L’idée d’une surproduction pourrait être envisagée.

• Marie-Laure Berdaux-Le Brazidec — Exemples et éléments de réflexion autour de la circulation monétaire au IIIe siècle.
Au IIIe siècle, est utilisé un stock ancien de monnaies et l’approvisionnement en numéraire récent est relativement rare en Narbonnaise. Le trésor de Loupian est daté des années 275-276 et les émissions reconnues signaleraient des contacts commerciaux avec le Nord de la Gaule. Cette découverte est replacée dans le mouvement plus large de thésaurisation dans le Midi languedocien. Il existe des témoignages dès la première moitié du IIIe siècle. Les plus nombreux appartiennent aux années 259-260. La série se poursuit jusqu’à l’époque de Probus (276-282).
 
 
• Carole et Pascal Querel — Quelques aspects du IIIe siècle dans le Nord de la France
Les situations diffèrent selon la nature et les origines des établissements ruraux. Sont présentés des exemples où le lien est très fort entre les formes de l’habitat protohistorique et celui du Haut Empire, avec des enclos occupés par des bâtiments à poteaux de bois (zone du Melantois, Nord). Ces fortes continuités soulignent d’autant plus l’absence de données pour le IIIe siècle. Dans la région d’Amiens/Samarobriva, les grandes villas témoignent d’évolutions distinctes, avec un mouvement de disparition de ces établissements dans la partie nord et au contraire le maintien et même l’embellissement de certains de ces centres domaniaux.

• Robert Royet — La villa de Saint-Romain-de-Jalionas et le IIIe siècle.
Cet ensemble exceptionnel aux limites septentrionales de la Narbonnaise est occupé à partir du IIe s. avant notre ère. Il se développe sur 13ha avec un pôle de constructions de l’ordre de 1ha. La partie résidentielle témoigne d’une continuité d’occupation au IIIe siècle et voit l’ajout d’un bâtiment indépendant, doté de bains, interprété comme le logement d’un vilicus. La fouille a permis le dégagement d’un bâtiment sur vide sanitaire et compartiments, peut-être un grenier. On note d’importantes transformations environnementales, avec la remontée de la nappe phréatique, et l’adaptation à cette époque de l’exploitation rurale à l’évolution pluriséculaire du milieu. L’abandon des sites périphériques irait de pair avec le regroupement des hommes dans le centre domanial, qui justifierait une nouvelle forme d’encadrement.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
• P. Castanyer, J. Burch — Les campagnes de Catalogne au IIIe siècle, du règne de Septime Sévère à l’époque de la Tétrarchie
Le début de la période, la période sévérienne voit un développement architectural de la plupart des villas, comme celle des Ametllers où des bains sont construits dans l’ambulacre du jardin et un déplacement des bâtiments de production. Le tour d’horizon des sites montre un situation bien différente à la fin du siècle avec la disparition de nombreux établissements ruraux : Mas Guso, Els Tolegasos dans l’environnement de l’agglomération d’Ampurias abandonnée elle-aussi. A Torre Llauder, c’est la fonction de résidence qui disparaît avec l’installation d’équipements de production.
 

• L. Buffat, L. Leroy — Etablissement rural et ensemble funéraire de la Courondelle à Béziers (Hérault).
Il s’agit d’une actualité archéologique en Languedoc-Roussillon hors du thème de la journée.