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Circa Villam 6

La villa, une exploitation rurale : peut-on restituer son système de production ?
Villa-Loupian - Loupian (France), vendredi 16 janvier 2009

A la mémoire de Pascal Quérel

Au moment où nous préparions cette nouvelle journée d’étude, l’annonce du décès de Pascal nous est parvenue. Pascal, avec sa compagne Carole, nous avait fait l’amitié de venir participer à CV5 sur le IIIe siècle en janvier 2008. Ensemble, ils nous avaient présenté les fouilles conduites récemment dans le secteur du Mélantois (département du Nord) et plusieurs villas de la région d’Amiens. Pascal qui travaillait à l’INRAP était aussi le coordonnateur d’un thème de recherche sur les exploitations agricoles et l’espace rural antique du nord de la Gaule » au sein de l’UMR 8164 HALMA-IPEL (Lille 3). Parmi bien d’autres titres, il a publié, avec Michel Feugère, ses travaux de fouilles sur l’établissement rural antique de Dury (Somme) et la découverte d’un dépôt de bronzes (IIIe s. av. J.-C. - IVe s. apr. J.-C.). dans la Revue du Nord en 2000.


Ce sont les campagnes et leurs ressources qui ont été le thème de réflexion de la table ronde 2008 organisée par nos amis catalans en novembre dernier à Gérone. Dans les communications de cette journée fructueuse, une place plus importante, du fait du sujet traitée, a été occupée par les « naturalistes » dans des domaines aussi variés que la carpologie, l’archéozoologie, l’anthracologie et même la conchyliologie. Laurent Fabre, à partir des données environnementales exceptionnelles tirées des fouilles A75 Pézenas-Béziers, a tracé les grandes lignes du système de cultures d’une villa de la cité de Béziers au début du Haut Empire. Il lui a été possible de schématiser, sinon de modéliser, les relations entre les grandes composantes d’une exploitation des sols basée sur une polyculture qui intègre le travail de la vigne. Cécile Jung a pour sa part rappelé avec des exemples toujours tirés de l’opération A75 l’intérêt de l’archéologie agraire, des traces laissées dans le sol par les modes de culture

Tout aussi novateur que ce soit cet essai, promis à développement par son auteur, il s’inscrit cependant dans une longue perspective de recherche sur l’économie des villas. Depuis que l’on fouille ce type de site, on a cherché à en reconstituer les productions et leur organisation, à approcher les capacités de ces entreprises agricoles. Ce genre de démarche était la plupart du temps le résultat d’une réflexion individuelle, basée sur les vestiges découverts d’équipements agricoles et, pour combler les lacunes de la documentation archéologique, sur la lecture des agronomes d’un passé plus ou moins lointain. Plusieurs d’entre nous, en Languedoc ou en PACA, n’ont pas hésité à tenter de telles reconstitutions, pour la villa de Loupian, de Pardigon ou bien encore récemment pour celle de Codols à Nîmes. Ces essais témoignent par ailleurs d’une plus grande sensibilité pour les approches quantitatives. Les chiffres obtenus n’ont pas toujours de valeur en soi, mais offrent des ordres de grandeur pour des sites que l’on a longtemps définis, à partir de considérations qualitatives sur l’importance des productions.

La rencontre de Loupian pouvait être l’amorce d’un débat entre spécialistes, « naturalistes » et « économistes », destiné à favoriser les croisements seuls capables de renouveler des thèmes en apparence surannés.

Ch. Pellecuer, L. Fabre — introduction au débat, l’exemple de Loupian et de Tourbes/Montferrier (sous réserve)

H. Pomarèdes — Saint-André de Codols à Nîmes, un nouvel exemple languedocien

V. Forest — Restes osseux et élevage : quels liens ?

L. Buffat — Approche de la production de deux fermes antiques du Biterrois : Le Gasquinoy (Béziers, Hérault)

R. Bourgaut – La villa des Clachs à Poussan (Hérault)

L. Schneider – Le Roc de Pampelune et ses productions

P. Castanyer, Q. Tremoleda — Réflexions sur quelques établissements ruraux et la production viticole de Catalogne

L. Leroy – la ferme de l’Antiquité tardive de la Courondelle (Béziers, Hérault) et nouvelles données sur la villa dite « Temple de Vénus » à Vendres (Hérault). [actualité archéologique]